/e/ exposition/Programmation / My bad
by Lucas Semeraro

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Quoi de plus rassurant à priori que les quatre murs de sa chambre d'ado?
Cocon que la vie moderne a spécialement aménagé pour l'enfant le temps qu'il se mue en adulte. Espace-rituel où l'on exerce ses goûts et où l'on affine sa personnalité.

Mais dans le travail de Lucas Semeraro l'adolescence croît sous le spectre hostile d'une vie d'adulte qui peine à s'émanciper et à se mouvoir dans un monde de crise. L'artiste tente alors de rétablir un monde de possibles dans sa chambre, d'arranger ses fétiches, mais, sans l'ombre d'un doute, sous le joug inéluctable d'un État administrateur de toutes vies et de tous futurs.

Rêver est un sport de combat et celui de l'enfant peine à subsister au sein d'un système où l'absurde avoisine les lois et l'économie. Le rêve ne fait alors place qu’à des objets qui ne se font que l'écho déchu de ce qu'ils auraient pu être. Une figurine, tirée d'un anime jamais sorti des limbes, trône sur une barre estampillée comme le cadre d'une télévision. Des LEDs orphelines de leur boîtier écranique signalent un appareil en veille inexistant, tandis que des boîtes inanimées ne dégagent qu'une ritournelle animale. Le même cri de cigales qui peuple la bande originale de nombreux anime et ici, qui se percute contre des extensions architecturales semblable à des mains courantes ou à un ersatz de manivelle figée en attente d’un corps providentiel.

Alors que faire ? Juste accueillir My Bad, une malicieuse déception fictionnelle où des fragments de la vie contemporaine se chuchotent l'histoire d'un monde désossé de ses rêves.